re, De l'autr' côté du champ d'honneur. Si j' connus un temps de chien, certes, C'est bien le temps de mes vingt ans ! Cependant, je pleure sa perte, Il est mort, c'était le bon temps ! Refrain Il est toujours joli, le temps passé. Un' fois qu'ils ont cassé leur pipe, On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés : Les morts sont tous des braves types. Dans ta petit' mémoire de lièvre, Bécassine, il t'est souvenu De notre amour du coin des lèvres, Amour nul et non avenu, Amour d'un sou qui n'allait, certes, Guèr' plus loin que le bout d' son lit. Cependant, nous pleurons sa perte, Il est mort, il est embelli ! J'ai mis ma tenu' la plus sombre Et mon masque d'enterrement, Pour conduire au royaum' des ombres Un paquet de vieux ossements. La terr' n'a jamais produit, certes, De canaille plus consommée. Cependant, nous pleurons sa perte, Elle est morte, elle est embaumée ! La Fille à Cent Sous Du temps que je vivais dans le troisièm' dessous, Ivrogne, immonde, infâme, Un plus soûlaud que moi, contre un' pièc' de cent sous, M'avait vendu sa femme. Quand je l'eus mise au lit, quand j' voulus l'étrenner, Quand j' fis voler sa jupe, Il m'apparut alors qu'j'avais été berné Dans un marché de dupe. " Remball' tes os, ma mie, et garde tes appas, Tu es bien trop maigrelette, Je suis un bon vivant, ça n'me concerne pas D'étreindre des squelettes. Retourne à ton mari, qu'il garde les cent sous, J' n'en fais pas une affaire. " Mais ell' me répondit, le regard en dessous : " C'est vous que je préfère... J' suis pas bien gross', fit-ell', d'une voix qui se nou', Mais ce n'est pas ma faute... " Alors, moi, tout ému, j' la pris sur mes genoux Pour lui compter les côtes. " Toi qu' j'ai payé cent sous, dis-moi quel est ton nom, Ton p'tit nom de baptême ? - Je m'appelle Ninette. - Eh bien, pauvre Ninon, Console-toi, je t'aime. " Et ce brave sac d'os dont j' n'avais pas voulu, Même pour une thune, M'est entré dans le coeur et n'en sortirait plus Pour toute une fortune. Du temps que je vivais dans le troisièm' dessous, Ivrogne, immonde, infâme, Un plus soûlaud que moi, contre un' pièc' de cent sous, M'avait vendu sa femme. Dans l'eau de la claire fontaine Dans l'eau de la claire fontaine Elle se baignait toute nue. Une saute de vent soudaine Jeta ses habits dans les nues. En détresse, elle me fit signe, Pour la vêtir, d'aller chercher Des morceaux de feuilles de vigne, Fleurs de lis ou fleurs d'oranger. Avec des pétales de roses, Un bout de corsage lui fis. Mais la belle était si petite Qu'une seule feuille a suffi. Elle me tendit ses bras, ses lèvres, Comme pour me remercier... Je les pris avec tant de fièvre Qu'ell' fut toute déshabillée. Le jeu dut plaire à l'ingénue, Car, à la fontaine souvent, Ell' s'alla baigner toute nue En priant qu'il fit du vent, Qu'il fit du vent... Je rejoindrai ma Belle * A l'heure du berger, Au mépris du danger, J' prendrai la passerelle Pour rejoindre ma belle, A l'heure du berger, Au mépris du danger, Et nul n'y pourra rien changer. * Tombant du haut des nues, La bourrasque est venue Souffler dessus la passerelle, Tombant du haut des nues, La bourrasque est venue, La passerelle', il y en a plus. * Si les vents ont cru bon De me couper les ponts, J' prendrai la balancelle Pour rejoindre ma belle, Si les vents ont cru bon, De me couper les ponts, J'embarquerai dans l'entrepont. * Tombant du haut des nu's, Les marins sont venus Lever l'ancre à la balancelle, Tombant du haut des nu's, Les marins sont venus, Des balancelle', il y en a plus. * Si les forbans des eaux Ont volé mes vaisseaux, Y me pouss'ra des ailes Pour rejoindre ma belle, Si les forbans des eaux Ont volé mes vaisseaux, J' prendrai le chemin des oiseaux. * Les chasseurs à l'affût Te tireront dessus, Adieu les plumes ! adieu les ailes ! Les chasseurs à l'affût Te tireront dessus, De tes amours, y en aura plus. * Si c'est mon triste lot De faire un trou dans l'eau, Racontez à la belle Que je suis mort fidèle, Et qu'ell' daigne à son tour Attendre quelques jours Pour filer de nouvell's amours. Si le Bon Dieu l'avait voulu Poème de Paul Fort Si le Bon Dieu l'avait voulu - lanturette, lanturlu, - j'aurais connu la Cléopâtre, et je t'aurais pas connue. J'aurais connu la Cléopâtre, et je ne t'aurais pas connue. Sans ton amour que j'idolâtre, las ! que fussé- je devenu ? Si le Bon Dieu l'avait voulu, j'aurais connu la Messaline, Agnès, Odette et Mélusine, et je ne t'aurais pas connue. J'aurais connu la Pompadour, Noémi, Sarah, Rebecca, la Fille du Royal Tambour, et la Mogador et Clara. Mais le Bon Dieu n'a pas voulu que je connaisse leurs amours, je t'ai connue, tu m'as connu - gloire à Dieu au plus haut des nues ! - Las ! que fussé-je devenu sans toi la nuit, sans toi le jour ? Je t'ai connue, tu m'as connu - gloire à Dieu au plus haut des nues ! Le temps ne fait rien à l'affaire Quand ils sont tout neufs, Qu'ils sortent de l'oeuf, Du cocon, Tous les jeunes blancs-becs Prennent les vieux mecs Pour des cons. Quand ils sont d'venus Des têtes chenu's, Des grisons, Tous les vieux fourneaux Prennent les jeunots Pour des cons. Moi, qui balance entre deux âges, J' leur adresse à tous un message : Le temps ne fait rien à l'affaire, Quand on est con, on est con. Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père, Quand on est con, on est con. Entre vous, plus de controverses, Cons caducs ou cons débutants, Petits cons d' la dernière averse, Vieux cons des neiges d'antan. Vous, les cons naissants, Les cons innocents, Les jeun's cons Qui n' le niez pas, Prenez les papas Pour des cons, Vous, les cons âgés, Les cons usagés, Les vieux cons Qui, confessez-le, Prenez les p'tits bleus Pour des cons, Méditez l'impartial message D'un type qui balance entre deux âges : La Complainte des Filles de Joie Bien que ces vaches de bourgeois Les appell'nt des filles de joi' C'est pas tous les jours qu'ell's rigolent, Parole, parole, C'est pas tous les jours qu'elles rigolent. Car, même avec des pieds de grues, Fair' les cent pas le long des rues C'est fatigant pour les guibolles, Parole, parole, C'est fatigant pour les guibolles. Non seulement ell's ont des cors, Des oeils-de-perdrix, mais encor C'est fou ce qu'ell's usent de grolles, Parole, parole, C'est fou ce qu'ell's usent de grolles. Y'a des clients, y'a des salauds Qui se trempent jamais dans l'eau. Faut pourtant qu'elles les cajolent, Parole, parole, Faut pourtant qu'elles les cajolent. Qu'ell's leur fasse la courte échell' Pour monter au septième ciel. Les sous, croyez pas qu'ell's les volent, Parole, parole, Les sous, croyez pas qu'ell's les volent. Ell's sont méprisé's du public, Ell's sont bousculé's par les flics, Et menacé's de la vérole, Parole, parole, Et menacé's de la vérole. Bien qu' tout' la vie ell's fass'nt l'amour, Qu'ell's se marient vingt fois par jour, La noce est jamais pour leur fiole, Parole, parole, La noce est jamais pour leur fiole. Bien qu' tout' la vie ell's fass'nt l'amour, Qu'ell's se marient vingt fois par jour, La noce est jamais pour leur fiole, Parole, parole, La noce est jamais pour leur fiole. Fils de pécore et de minus, Ris par de la pauvre Vénus, La pauvre vieille casserole, Parole, parole, La pauvre vieille casserole. Il s'en fallait de peu, mon cher, Que cett' putain ne fût ta mère, Cette putain dont tu rigoles, Parole, parole, Cette putain dont tu rigoles. Les Trompettes de la Renommée Je vivais à l'écart de la place publique, Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique... Refusant d'acquitter la rançon de la gloir', Sur mon brin de laurier je dormais comme un loir. Les gens de bon conseil ont su me fair' comprendre Qu'à l'homme de la ru' j'avais des compt's à rendre Et que, sous peine de choir dans un oubli complet, J' devais mettre au grand jour tous mes petits secrets. Refrain Trompettes De la Renommée, Vous êtes Bien mal embouchées ! Manquant à la pudeur la plus élémentaire, Dois-je, pour les besoins d' la caus' publicitaire, Divulguer avec qui, et dans quell' position Je plonge dans le stupre et la fornication ? Si je publi' des noms, combien de Pénélopes Passeront illico pour de fieffé's salopes, Combien de bons amis me r'gard'ront de travers, Combien je recevrai de coups de revolver ! A toute exhibition, ma nature est rétive, Souffrant d'un' modesti' quasiment maladive, Je ne fais voir mes organes procréateurs A personne, excepté mes femm's et mes docteurs. Dois-je, pour défrayer la chroniqu' des scandales, Battre l' tambour avec mes parti's génitales, Dois-je les arborer plus ostensiblement, Comme un enfant de choeur porte un saint sacrement ? Une femme du monde, et qui souvent me laisse Fair' mes quat' voluptés dans ses quartiers d' noblesse, M'a sournois'ment passé, sur son divan de soi', Des parasit's du plus bas étage qui soit... Sous prétexte de bruit, sous couleur de réclame, Ai-j' le droit de ternir l'honneur de cette dame En criant sur les toits, et sur l'air des lampions : " Madame la marquis' m'a foutu des morpions ! " ? Le ciel en soit loué, je vis en bonne entente Avec le Pèr' Duval, la calotte chantante, Lui, le catéchumène, et moi, l'énergumèn', Il me laisse dire merd', je lui laiss' dire amen, En accord avec lui, dois-je écrir' dans la presse Qu'un soir je l'ai surpris aux genoux d' ma maîtresse, Chantant la mélopé' d'une voix qui susurre, Tandis qu'ell' lui cherchait des poux dans la tonsure ? Avec qui, ventrebleu ! faut-il que je couche Pour fair' parler un peu la déesse aux cent bouches ? Faut-il qu'un' femme célèbre, une étoile, une star, Vienn' prendre entre mes bras la plac' de ma guitar' ? Pour exciter le peuple et les folliculaires, Qui'est-c' qui veut me prêter sa croupe populaire, Qui'est-c' qui veut m' laisser faire, in naturalibus, Un p'tit peu d'alpinism' sur son mont de Vénus ? Sonneraient-ell's plus fort, ces divines trompettes, Si, comm' tout un chacun, j'étais un peu tapette, Si je me déhanchais comme une demoiselle Et prenais tout à coup des allur's de gazelle ? Mais je ne sache pas qu'ça profite à ces drôles De jouer le jeu d' l'amour en inversant les rôles, Qu'ça confère à ma gloire un' onc' de plus-valu', Le crim' pédérastique, aujourd'hui, ne pai' plus. Après c'tour d'horizon des mille et un' recettes Qui vous val'nt à coup sûr les honneurs des gazettes, J'aime mieux m'en tenir à ma premièr' façon Et me gratter le ventre en chantant des chansons. Si le public en veut, je les sors dare-dare, S'il n'en veut pas je les remets dans ma guitare. Refusant d'acquitter la rançon de la gloir', Sur mon brin de laurier je m'endors comme un loir. La Guerre de 14-18 Depuis que l'homme écrit l'Histoire, Depuis qu'il bataille à coeur joie Entre mille et une guerr' notoires, Si j'étais t'nu de faire un choix, A l'encontre du vieil Homère, Je déclarais tout de suit' : " Moi, mon colon, cell' que j' préfère, C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit ! " Est-ce à dire que je méprise Les nobles guerres de jadis, Que je m' souci' comm' d'un' cerise De celle de soixante-dix ? Au contrair', je la révère Et lui donne un satisfecit Mais, mon colon, celle que j' préfère, C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit ! Je sais que les guerriers de Sparte Plantaient pas leurs epé's dans l'eau, Que les grognards de Bonaparte Tiraient pas leur poudre aux moineaux... Leurs faits d'armes sont légendaires, Au garde-à-vous, je les félicit', Mais, mon colon, celle que j' préfère, C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit ! Bien sûr, celle de l'an quarante Ne m'as pas tout a fait déçu, Elle fut longue et massacrante Et je ne crache pas dessus, Mais à mon sens, elle ne vaut guère, Guèr' plus qu'un premier accessit, Moi, mon colon, celle que j' préfère, C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit ! Mon but n'est pas de chercher noise Au guérillas, non, fichtre ! non, Guerres saintes, guerres sournoises, Qui n'osent pas dire leur nom, Chacune a quelque chos' pour plaire, Chacune a son petit mérit', Mais, mon colon, celle que j' préfère, C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit ! Du fond de son sac à malices, Mars va sans doute, à l'occasion, En sortir une - un vrai délice ! - Qui me fera grosse impression... En attendant je persévère A dir' que ma guerr' favorit', Cell', mon colon, que j' voudrais faire, C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit ! La Marguerite La petite Marguerite Est tombé', Singulière, Du bréviaire De l'abbé. Trois pétales De scandale Sur l'autel, Indiscrète Pâquerette, D'où vient-ell' ? Dans l'enceinte Sacro-sainte, Quel émoi ! Quelle affaire, Oui, ma chère, Croyez-moi ! La frivole Fleur qui vole, Arrive en Contrebande Des plat's-bandes Du couvent. Notre Père Qui, j'espère, Etes aux cieux, N'ayez cure Des murmures Malicieux. La légère Fleur, peuchère ! Ne vient pas De nonnettes, De cornettes En sabbat. Sachez, diantre ! Qu'un jour, entre Deux ave, Sur la pierre D'un calvaire Il l'a trouvé'. Et l'a mise, Chose admise Par le ciel, Sans ambages, Dans les pages Du missel. Que ces messes Basses cessent, Je vous en prie. Non, le prête N'est pas traître A Marie. Que personne Ne soupçonne, Puis jamais, La petite Marguerite, Ah ! ça mais... Jeanne Chez Jeanne, la Jeanne, Son auberge est ouverte aux gens sans feu ni lieu, On pourrait l'appeler l'auberge de Bon Dieu S'il n'en existait pas une, La dernière où l'on peut entrer Sans frapper, sans montrer patte blanche... Chez Jeanne, la Jeanne, On est n'importe qui, on vient n'importe quand, On est n'importe qui, on vient n'importe quand, Et, comme par miracle, par enchantement, On fait parti' de la famille, Dans son coeur, en s' poussant un peu, Reste encore une petite place... La Jeanne, la Jeanne, Elle est pauvre et sa table est souvent mal servie, Le Grand Pan Du temps que régnait le Grand Pan, Les dieux protégaient les ivrognes Des tas de génies titubants Au nez rouge, à la rouge trogne. Dès qu'un homme vidait les cruchons, Qu'un sac à vin faisait carousse Ils venaient en bande à ses trousses Compter les bouchons. La plus humble piquette était alors bénie, Distillée par Noé, Silène, et compagnie. Le vin donnait un lustre au pire des minus, Et le moindre pochard avait tout de Bacchus. Refrain. Mais en se touchant le crâne, en criant " J'ai trouvé " La bande au professeur Nimbus est arrivée Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement, Chasser les Dieux du Firmament. Aujourd'hui ça et là, les gens boivent encore, Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes. Mais les dieux ne répondent plus pour les ivrognes. Bacchus est alcoolique, et le grand Pan est mort. Quand deux imbéciles heureux S'amusaient à des bagatelles, Un tas de génies amoureux Venaient leur tenir la chandelle. Du fin fond du champs élysées Dès qu'ils entendaient un " Je t'aime ", Ils accouraient à l'instant même Compter les baisers. La plus humble amourette Etait alors bénie Sacrée par Aphrodite, Eros, et compagnie. L'amour donnait un lustre au pire des minus, Et la moindre amoureuse avait tout de Vénus. Au refrain. Aujourd'hui ça et là, les coeurs battent encore, Et la règle du jeu de l'amour est la même. Mais les dieux ne répondent plus de ceux qui s'aiment. Vénus s'est faite femme, et le grand Pan est mort. Et quand fatale sonnait l'heure De prendre un linceul pour costume Un tas de génies l'oeil en pleurs Vous offraient des honneurs posthumes. Et pour aller au céleste empire, Dans leur barque ils venaient vous prendre. C'était presque un plaisir de rendre Le dernier soupir. La plus humble dépouille était alors bénie, Embarquée par Caron, Pluton et compagnie. Au pire des minus, l'âme était accordée, Et le moindre mortel avait l'éternité. Au refrain. Aujourd'hui ça et là, les gens passent encore, Mais la tombe est hélas la dernière demeure Les dieux ne répondent plus de ceux qui meurent. La mort est naturelle, et le grand Pan est mort. Et l'un des dernier dieux, l'un des derniers suprêmes, Ne doit plus se sentir tellement bien lui-même Un beau jour on va voir le Christ Descendre du calvaire en disant dans sa lippe " Merde je ne joue plus pour tous ces pauvres types. J'ai bien peur que la fin du monde soit bien triste. " Le Blason Ayant avecques lui toujours fait bon m¨nage J'eusse aim¨ c¨l¨brer sans ©tre inconvenant Tendre corps f¨minin ton plus bel apanage Que tous ceux qui l'ont vu disent hallucinant. Ceèt ¨t¨ mon ultime chant mon chant du cygne Mon dernier billet doux mon message d'adieu Or malheureusement les mots qui le d¨signent Le disputent î l'ex¨crable î l'odieux. C'est la grande piti¨ de la langue fran£aise C'est son talon d'Achille et c'est son d¨shonneur De n'offrir que des mots entach¨s de bassesse A cette incomparable instrument de bonheur. Alors que tant de fleurs ont des noms po¨tiques Tendre corps f¨minin' c'est fort malencontreux Que la fleur la plus douce la plus ¨rotique Et la plus enivrante en ait de plus scabreux. Mais le pire de tous est un petit vocable De trois lettres pas plus familier coutumier Il est inexplicable il est irr¨vocable Honte î celui-lî qui l'employa le premier Honte î celui-lî qui par d¨pit par gageure Dota de m©me terme en son fiel venimeux Ce grand ami de l'homme et la cinglante injure Celui-lî c'est probable en ¨tait un fameux. Misogyne î coup sèr asexu¨ sans doute Au charmes de V¨nus absolument r¨tif Etait ce bougre qui toute honte bue toute Fit ce rapprochement d'ailleurs intempestif. La malpeste soit de cette homonymie C'est injuste madame et c'est d¨sobligeant Que ce morceau de roi de votre anatomie Porte le m©me nom qu'une foule de gens. Fasse le ciel dans un trait de g¨nie Un poåte inspir¨ que P¨gase soutient Donne en effa£ant d'un coup des siåcles d'avanie A cette vraie merveille un joli nom chr¨tien En attendant madame il semblerait dommage Et vos adorateurs en seraient tous pein¨s D'aller perdre de vue que pour lui rendre hommage Il est d'autre moyen et que je les connais Et que je les connais. La non-demande en mariage Ma mi', de gr¡ce, ne mettons Pas sous la gorge î Cupidon Sa propre flåche, Tant d'amoureux l'ont essay¨ Qui, de leur bonheur, ont pay¨ Ce sacrilåge... Refrain j'ai l'honneur de Ne pas te demander ta main, Ne gravons pas Nos noms au bas D'un parchemin. Laissons le champs libre au oiseaux, Nous seront tous les deux priso- nniers sur parole, Au diable, les ma­tresses queux Qui attachent les coeurs aux queu's Des casseroles! refrain V¨nus se fait vielle souvent elle perd son latin devant La låchefrite A aucun prix, moi je ne veux Effeuiller dans le pot-au-feu La marguerite. refrain On leur âte bien des attraits, En d¨voilant trop les secrets De M¨lusine. L'encre des billets doux p¡lit Vite entre les feuillets des li- vres de cuisine. refrain Il peut sembler de tout repos De mettre î l'ombre, au fond d'un pot De confiture, La joli' pomme d¨fendu', Mais elle est cuite, elle a perdu Son goèt "nature". refrain De servante n'ai pas besoin, Et du m¨nage et de ses soins Je t'en dispense... Qu'en ¨ternelle fianc¨e, A la dame de mes pens¨e' Toujours je pense... refrain Chanson pour l'Auvergna Elle est î toi cette chanson Toi l'Auvergnat qui sans fa£on M'as donn¨ quatre bouts de bois Quand dans ma vie il faisait froid Toi qui m'as donn¨ du feu quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionn¨s M'avaient ferm¨ la porte au nez Ce n'¨tait rien qu'un feu de bois Mais il m'avait chauff¨ le corps Et dans mon ¡me il brèle encore A la maniår' d'un feu de joie. Toi l'auvergnat quand tu mourras Quand le croqu'mort t'emportera Qu'il te conduise î travers ciel Au påre ¨ternel. Elle est î toi cette chanson Toi l'hâtesse qui sans fa£on M'as donn¨ quatre bouts de pain Quand dans ma vie il faisait faim Toi qui m'ouvris ta huche quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionn¨s S'amusaient a me voir jeèner Ce n'¨tait rien qu'un peu de pain Mais il m'avait chauff¨ le corps Et dans mon ¡me il brèle encore A la maniår' d'un grand festin. Toi l'hâtesse quand tu mourras Quand le croqu'mort t'emportera Qu'il te conduise î travers ciel Au påre ¨ternel. Elle est î toi cette chanson Toi l'¨tranger qui sans fa£on D'un air malheureux m'as souri Lorsque les gendarmes m'ont pris Toi qui n'as pas applaudi quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionn¨s Riaient de me voir emmener Ce n'¨tait rien qu'un peu de miel Mais il m'avait chauff¨ le corps Et dans mon ¡me il brèle encore A la maniår' d'un grand soleil. Toi l'¨tranger quand tu mourras Quand le croqu'mort t'emportera Qu'il te conduise î travers ciel Au påre ¨ternel. Les copains d'abord Non ce n'¨tait pas le radeau De la m¨duse ce bateau Qu'on se le dis' au fond des ports Dis' au fond des ports Il naviguait en Pår' Penard Sur la grand-mare des canards Et s'appelait les copains d'abord Les copains d'abord. Ses fluctuant nec mergitur C'¨tait pas d' la litt¨ratur' N'en d¨plais' au jeteur de sort Au jeteur de sort Son capitaine et ses matelots N'¨taient pas des enfants d' salaud Mais des amis franco de port Des copains d'abord. C'¨taient pas des amis de lux' Des petits Castor et Pollux Des gens de Sodom' et Gomorrh' Sodom' et Gomorrh' C'¨taient pas des amis choisis Par Montaigne et La Bo¨tie Sur le ventre il se tapaient fort Les copains d'abord. C'¨taient pas des anges non plus L'¨vangil' ils l'avaient pas lu Mais ils s'aimaient tout's voil's dehors Toutes voil's dehors Jean Pierre Paul compagnie C'¨tait leur seule litanie Leur Cr¨do leur Confiteor Aux copains d'abord. Au moindre coup de Trafalgar C'est l'amiti¨ qui prenait l' quart Cest ell' qui leur montrait le nord Leur montrait le nord Et quand ils ¨taient en d¨tress' Qu' leurs bras lan£aient des S.O.S. On aurait dit des s¨maphores Les copains d'abord. Au rendez-vous des bons copains Y avait pas souvent de lapins Quand l'un d'entre eux manquait î bord C'est qu'il ¨tait mort Oui mais jamais au grand jamais Son trou dans l'eau n' se refermait Cent ans aprås coquin de sort Il manquait encor. Des bateaux j'en ai pris beaucoup Mais le seul qui ait tenu le coup Qui n'ait jamais vir¨ de bord Mais vir¨ de bord Navigait en Påre P¨nard Sur la grand-mare des canards Et s'app'lait les copains d'abord Les copains d'abord. Les sabots d'H¨låne Les sabots d'H¨låne Etaient tout crott¨s Les trois capitaines l'auraient appel¨e vilaine Et la pauvre H¨låne Etait comme une ¡me en peine Ne cherche plus longtemps la fontaine Toi qui as besoin d'eau Ne cherche plus, aux larmes d'H¨låne Va-t'en remplir ton seau Moi j'ai pris la peine De les d¨chausser Les sabots d'H¨lån' moi qui ne suis pas capitaine Et j'ai vu ma peine Bien r¨compens¨e. Dans les sabots de la pauvre H¨låne Dans ses sabots crott¨s Moi j'ai trouve les pieds d'une reine Et je les ai gard¨s. Son jupon de laine Etait tout mit¨ Les trois capitaines l'auraient appel¨e vilaine Et la pauvre H¨låne Etait comme une ¡me en peine Ne cherche plus longtemps la fontaine Toi qui as besoin d'eau Ne cherche plus, aux larmes d'H¨låne Va-t'en remplir ton seau Moi j'ai pris la peine De le retrousser Le jupon d'H¨lån' moi qui ne suis pas capitaine Et j'ai vu ma peine Bien r¨compens¨e. Sous les jupons de la pauvre H¨låne Sous son jupon mit¨ Moi j'ai trouve des jambes de reine Et je les ai gard¨s. Et le coeur d'H¨låne Savait pas chanter Les trois capitaines l'auraient appel¨e vilaine Et la pauvre H¨låne Etait comme une ¡me en peine Ne cherche plus longtemps la fontaine Toi qui as besoin d'eau Ne cherche plus, aux larmes d'H¨låne Va-t'en remplir ton seau Moi j'ai pris la peine De m'y arreter Dans le coeur d'H¨lån' moi qui ne suis pas capitaine Et j'ai vu ma peine Bien r¨compens¨e. Dans le coeur de la pauvre H¨låne Qu'avait jamais chant¨ Moi j'ai trouve l'amour d'une reine Et je l'ai gard¨. Une jolie fleur Jamais sur terre il n'y eut d'amoureux Plus aveugle que moi dans tous les ¡ges Mais faut dir' qu' je m'¨tait creuv¨ les yeux En regardant de trop prås son corsage. Refrain Un' jolie fleur dans une peau d' vache Un' jolie vach' d¨guis¨e en fleur Qui fait la belle et qui vous attache Puis, qui vous mån' par le bout du coeur. Le ciel l'avait pourvue des mille appas Qui vous font prendre feu dås qu'on y touche L'en avait tant que je ne savais pas Ne savais plus oë donner de la bouche. Ell' n'avait pas de t©te, ell' n'avait pas L'esprit beaucoup plus grand qu'un d¨ î coudre Mais pour l'amour on ne demande pas Aux fille d'avoir invent¨ la poudre. Puis un jour elle a pris la clef des champs En me laissant î l'¡me un mal funeste Et toutes les herbes de la Saint-Jean N'ont pas pu me gu¨rir de cette peste. J' lui en ai bien voulu mais î pr¨sent J'ai plus d' rancune et mon coeur lui pardonne D'avoir mis mon coeur î feu et î sang Pour qu'il ne puisse plus servir î personne. Je me suis fait tout petit Je n'avait jamais ât¨ mon chapeau Devant personne Maintenant je rampe et je fait le beau Quand ell' me sonne J'¨tais chien m¨chant ell' me fait manger Dans sa menotte J'avais des dents d' loup, je les ai chang¨es Pour des quenottes! Refrain Je m' suis fait tout p'tit devant un' poup¨e Qui ferm' les yeux quand on la couche Je m' suis fait tout p'tit devant un' poup¨e Qui fait Maman quand on la touche. J'¨tait dur î cuire ell' m'a converti La fine bouche Et je suis tomb¨ tout chaud, râti Contre sa bouche Qui a des dents de lait quand elle sourit Quand elle chante Et des dents de loup, quand elle est furie Qu'elle est m¨chante. (refrain) Je subis sa loi, je file tout doux Sous son empire Bien qu'ell' soit jalouse au-delî de tout Et meme pire Un' jolie pervench' un jour en mourut A coup d'ombrelle. (refrain) Tous les somnambules, tous les mages m'ont Dit sans malice Qu'en ses bras croix, je subirais mon Dernier supplice Il en est de pir's li en est d' meilleur's Mais î tout prendre Qu'on se pende ici, qu'on se pende ailleurs S'il faut se pendre. (refrain) Auprès de mon arbre Auprås de mon arbre, Je vivais heureux J'aurais jamais dè m'¨loigner d' mon arbre Auprås de mon arbre, Je vivais heureux J'aurais jamais dè le quitter des yeux. J'ai plaqu¨ mon ch©ne Comme un saligaud Mon copain le ch©ne Mon alter ego On ¨tait du m©me bois Un peu rustique un peu brute Dont on fait n'importe quoi Sauf naturell'ment les flètes J'ai maint'nant des fr©nes Des arbr's de jud¨e Tous de bonne graine De haute futaie Mais toi tu manque î l'appel Ma vieille branche de campagne Mon seul arbre de Noªl Mon m¡t de cocagne. refrain) Je suis un pauvr' type J'aurais plus de joie J'ai jet¨ ma pipe Ma vieill' pipe en bois Qu'avait fum¨ sans s' f¡cher Sans jamais m'brèl¨ la lippe L' tabac d' la vache enrag¨e Dans sa bonn' vieill' t©t' de pipe J'ai des pip's d'¨cume Orn¨es de fleurons De ces pip's qu'on fume En levant le front Mais j' retrouv'rai plus ma foi Dans mon coeur ni sur ma lippe Le goèt d' ma vieill' pip' en bois Sacr¨ nom d'un' pipe. (refrain) Le surnom d'inf¡me Me va comme un gant D'avecques ma femme J'ai foutu le camp Parc' que depuis tant d'ann¨es C'¨tait un' sin¨cure De lui voir tout l' temps le nez Au milieu de la figure Je bas la campagne Pour d¨nicher la Nouvelle compagne Valant celles-lî Qui, bien sèr, laissait beaucoup Trop de pierr's dans les lentilles Mais se pendait î mon cou Quand j' perdais mes billes. (refrain) J'avais un' mansarde Comme logement Avec des l¨zardes Sur le firmament Je l'savais par coeur depuis Et pour un baiser la course J'emmenais mes bell's de nuits Faire u tour sur la grande ourse J'habit' plus d' mansarde Il peut d¨sormais Tomber des hall'bardes Je m'en bats l'oeil mais, Mais si quelqu'un monte aux cieux Moins que moi j'y paie des prunes Y a cent sept ans qui dit mieux, Qu' j'ai pas vu la lune! (au refrain) Marinette Quand j'ai couru chanter ma p'tite chanson pour Marinette La belle, la tra­tresse ¨tait all¨e î l'op¨ra Avec ma p'tit chanson, j'avais l'air d'un con ma måre, Avec ma p'tit chanson, j'avais l'air d'un con. Quand j'ai couru porte mon pot d' moutarde î Marinette La belle, la tra­tresse avait d¨jî fini d' d­ner Avec mon petit pot, j'avais l'air d'un con ma måre, Avec mon petit pot, j'avais l'air d'un con. Quand j'offris pour ¨trennes un' bicyclette î Marinette La belle, la tra­tresse avait achet¨ une auto, Avec mon p'tit v¨lo, j'avais l'air d'un con ma måre, Avec mon p'tit v¨lo, j'avais l'air d'un con. Quand j'ai couru tout chose au rendez-vous de Marinette La bell' disait: "J' t'adore" î un sal' typ' qui l'embrassait Avec mon bouquet d' fleurs, j'avais l'air d'un con ma måre, Avec mon bouquet d' fleurs, j'avais l'air d'un con. Quand j'ai couru brèler la p'tit' cervelle î Marinette La belle etait d¨jî morte d'un rhume mal plac¨, Avec mon r¨volver, j'avais l'air d'un con ma måre, Avec mon r¨volver, j'avais l'air 6 Quand j'ai couru lugubre î l'enterr'ment de Marinette La belle, la tra­tresse ¨tait d¨jî r¨ssuscit¨e Avec ma p'tit couronn', j'avais l'air d'un con ma måre, Avec ma p'tit couronn', j'avais l'air d'un con. La ballade des gens qui sont n¨s quelque part C'est qui sont plaisant tous ces petits villages Tous ces bourg ces hameaux ces lieux-dits ces cit¨s Avec leurs ch¡teau forts leurs ¨glises leurs plages Ils n'ont qu'un seul point faible et c'est ©tre habit¨s E c'est ©tre habit¨s par des qui regardent Le reste avec m¨pris du haut de leurs remparts La race des chauvins des porteurs de cocardes Les imb¨ciles heureux qui sont n¨s quelque part Les imb¨ciles heureux qui sont n¨s quelque part. Maudits soient ces enfants de leur måre patrie Empal¨s une fois pour toute sur leur clocher Qui vous montrent leurs tours leurs mus¨es leur mairie Vous font voir du pays natal jusqu'î loucher Qu'ils sortent de Paris ou de Rome ou de Såte Ou du diable vauvert ou de Zanzibar Ou m©me de Montcuq il s'en flattent mazette Les imb¨ciles heureux qui sont n¨s quelque part Les imb¨ciles heureux qui sont n¨s quelque part. Le sable dans lequel douillettes leurs autruches Enfouissent la t©te on trouve pas plus fin Quand î l'air qu'ils emploient pour gonfler leurs baudruches Leurs bulles de savon c'est du soufle divin Et petit î petit les voilî qui se montent Le cou jusqu'î penser que le crottin fait par Les chevaux m©me en bois rend jaloux tout le monde Les imb¨ciles heureux qui sont n¨s quelque part Les imb¨ciles heureux qui sont n¨s quelque part. C'est pas un lieu commun celui de leur connaissance Ils plaignent de tout coeur les malchanceux Les petis maladroits qui n'eurent pas la pr¨sence La pr¨sence d'esprit de voir le jour chez eux Quand sonne le tocsin sur leur bonheur pr¨caire Contre les ¨trangers tous plus ou moins barbares Ils sortent de leur trou pour mourir î la guerre Les imb¨ciles heureux qui sont n¨s quelque part Les imb¨ciles heureux qui sont n¨s quelque part. Mon dieu qu'il ferait bon sur la terre des hommes Si on y rencontrait cette race incongrue Cette race importune et qui partout fosonne La race des gens du terroir des gens du cru Que la vie serait belle en toutes circonstances Si vous n'aviez tir¨ du n¨ant tous ces jobards Preuve peut-©tre bien de votre inexistance Les imb¨ciles heureux qui sont n¨s quelque part Les imb¨ciles heureux qui sont n¨s quelque part. Fernande Une manie de vieux gar£on Moi j'ai pris l'habitude D'agr¨mnter ma sollitude Aux accents de cette chanson Refrain Quand je pense î Fernande Je bande, je bande Quand j' pense î Felicie Je bande aussi quand j' pense î L¨onor Mon dieu je bande encore Mais quand j' pense î Lulu Lî je ne bande plus La bandaison papa Ca n' se commande pas. C'est une m¡le ritournelle Cette ancinne virile Qui retentit dans la gu¨rite De la vaillance ¨ternelle. Afin de tromper son cafard De voir la vie moins terne Tout en veillant sur sa lanterne Chante ainsi le gardien de phare Aprås la priåre du soir Comme il est un peu triste Chante ainsi le s¨minariste A genoux sur son reposoire. A l'Etoile oë j'¨tait venu Pour ranimer la flamme J'entendis ¨mus jusqu'au larmes La voix du soldat inconnu. Et je vais mettre un point final A ce chant salutaire En sugg¨rant au solitaire D'en faire un hymme national. Sauf le respect que je vous dois  Si vous y tenez tant parlez-moi des affaires publiques Encor que ce sujet me rende un peu m¨lancolique Parlez-m'en toujours je n' vous en tiendrai pas rigueur Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois. Fi des chantres b©lant qui taquine la muse ¨rotique Des poåtes galants qui låchent le cul d'Aphrodite Des auteurs courtois qui vont en se frappant le cœur Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois. Naguåre mes id¨e reposaient sur la non-violence Mon agressivit¨ je l'avait r¨duite au silence Mais tout tourne court ma compagne ¨tait une gueuse Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois. Ancienne enfant trouv¨e n'ayant connu påre ni måre Coiff¨e d'un chap'ron rouge ell' s'en fut ironie amåre Porter soi_-disant une galette î son a®eule Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois. Je l'attendis un soir je l'attendis jusqu'î l'aurore Je l'attendis un an pour peu je l'attendrais encore Un loup de rencontre aura s¨duite cette gueuse Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois. Cupidon ce salaup geste chez lui qui n'est pas rare Avais trenp¨ sa flåche un petit peu dans le curare Le philtre magique avait tout du bouillon d'onzes heures Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois. Ainsi qu'il est fr¨quent sous la blancheur de ses p¨tales La marguerite cachait une tarentule un crotale Une vraie vipåre î la fois lubrique et visqueuse Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois. Que le septiåme ciel sur ma pauvre t©te retombe Lorsque le d¨sespoir m'aura mis au bord de la tombe Cet ultime discours s'exhalera de mon linceul Parlez-moi d'amour et j' vous fous mon poing sur la gueule Sauf le respect que je vous dois. Le petit joueur de flèteau  Le petit joueur de flèteau Menait la musique au ch¡teau Pour la gr¡ce de ses chansons Le roi lui offrit un blason Je ne veux pas ©tre noble R¨pondit lecroque-note Avec un blason î la cl¨ Mon la se mettrait î gonfler On dirait par tout le pays Le joueur de flète a trahi Et mon pauvre petit clocher Me semblerait trop bas perch¨ Je ne plierais plus les genoux Devant le bon Dieu de chez nous Il faudrait î ma grande ¡me Tous les saints de Notre-Dame Avec un ¨v©que î la cl¨ Mon la se metrait î gonfler On dirait par tout le pays Le joueur de flète a trahi Et la chambre oë j'ai vu la jour Me serait un triste s¨jour Je quitterai mon lit mesquin Pour une couche î baldaquin Je changerais ma chaumiåre Pour une gentilhommiåre Avec un manoir î la cl¨ On dirait par tout le pays Le joueur de flète a trahi Je serai honteux de mon sang Des a®eux de qui je descends On me verrait bouder dessus La branche dont je suis issu Je voudrais un magnifique Arbre g¨n¨alogique Avec du sang bleu a la cl¨ Mon la se mettrait a gonfler On dirait par tout le pays Le joueur de flète a trahi Je ne voudrais plus ¨pouser Ma promise ma fianc¨e Je ne donnerais pas mon nom A une quelconque Ninon Il me faudrait pour compagne La fille d'un grand d'Espagne Avec un' princesse î la cl¨ Mon la se mettrait î gonfler On dirait par tout le pays Le joueur de flète a trahi Le petit joueur de flèteau Fit la r¨v¨rence au ch¡teau Sans armoiries sans parchemin Sans gloire il se mit en chemin Vers son clocher sa chaumine Ses parents et sa promise Nul ne dise dans le pays Le joueur de flète a trahi Et Dieu reconnaisse pour sien Le brave petit musicien Le grand ch©ne  Il vivait en dehors des chemin forestier, Ce n'¨tait nullement un arbre de m¨tier, Il n'avait jamais vu l'ombre d'un bècheron, Ce grand ch©ne fier sur son tronc. Il eèt connu des jours fil¨s d'or et de soie Sans ses proches voisins, les pires gens qui soient; Des roseaux mal pensant, pas m¨me des bambous, S'amusant î le mettre î bout. Du matin jusqu'au soir ces petit rejetons, Tout juste cann' î p©ch', î peine mirlitons, Lui tournant tout autour chantaient, in extenso, L'histoire du ch©ne et du roseau. Et, bien qu'il fèt en bois, les ch©nes, c'est courant, La fable ne le laissait pas indiff¨rent. Il advin que lass¨ d'©tre en but aux lazzi, Il se r¨solue î l'exi. A grand-peine il sortit ses grands pieds de son trou Et partit sans se retourner ni peu ni prou. Mais, moi qui l'ai connu, je sais qu'il souffrit De quitter l'ingrate patri'. Le petit cheval Le p'tit ch'val dans le mauvais temps Qu'il avait donc du courrage! C'¨tait un petit cheval blanc Tous derriåre, tous derriåre C'¨tait un petit cheval blanc Tous derriåre et lui devant! Il n'y avait jamais d' beau temps Dans ce pauvre paysage! Il n'y avait jamais d' printemps Ni derriåre, ni derriåre, Il n'y avait jamais d' printemps Ni derriåre ni devant! Mais toujours il ¨tait content Menant les gars du village A travers la pluie noire des champs Tous derriåre, tous derriåre A travers la pluie noire des champs Tous derriåre et lui devant! Sa voiture allait poursuivant Sa bell' petit' queue sauvage C'est alors qu'il ¨tait content Tous derriåre, tous derriåre C'est alors qu'il ¨tait content Tous derriåre et lui devant! Mais un jour dans le mauvais temps, Un jour qu'il ¨tait sage Il est mort par un ¨clair blanc Tous derriåre, tous derriåre Il est mort par un ¨clair blanc Tous derriåre et lui devant! Il est mort sans voir le beau temps Qu'il avait donc du courrage! Il est mort sans voir le printemps Ni derriåre, ni derriåre Il est mort sans voir le printemps Ni derriåre, ni devant! Paul FORT Ballade des dames du temps jadis  Dites moy ou, n'en quel pays Est Flora la belle Romaine, Archipiades, n¨ Tha®s Qui fut sa cousine germaine, Echo parlant quand bruyt on maine Dessus riviåre ou sus estan Qui beault¨ ot trop plus qu'humaine. Mais ou sont les neiges d'antan? Qui beault¨ ot trop plus qu'humaine. Mais ou sont les neiges d'antan? Ou est trås sage H¨llo®s, Pour qui chastr¨ fut et puis moyne Pierre Esbaillart a Saint Denis? Pour son amour ot ceste essoyne. Semblablement, ou est royne Qui commanda que buridan Fut get¨ en ung sac en Saine? Mais ou sont les neiges d'antan? Fut get¨ en ung sac en Saine? Mais ou sont les neiges d'antan? La royne blanche comme lis Qui chantoit a voix de seraine, Berte au grand pi¨, Bietris, Alis Haremburgis qui tient le Maine, Et Jehanne la bonne Lorraine Qu'Englois br^ulårent a Rouan; Ou sont ilz, ou Vierge souveraine? Mais ou sont les neiges d'antan? Ou sont ilz, ou Vierge souveraine? Mais ou sont les neiges d'antan? Prince, n'enqu¨rez de sepmaine Ou elles sont, ne de cest an, Qu'a ce refrain ne vous remaine: Mais ou sont les neiges d'antan? Qu'a ce refrain en vous remaine; Mais ou sont les neige