s d'antan? FranÇois Villon Il n'y a pas d'amour heureux Rien n'est jamais acquis À l'homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son coeur. Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix. Et quand il croit serrer son bonheur il le broie Sa vie est un Étrange et douloureux divorce Il n'y a pas d'amour heureux. Sa vie Elle ressemble À ces soldats sans armes Qu'on avait habillÉs pour un autre destin A quoi peut leur servir de se lever matin Eux qu'on retrouve au soir dÉsoeuvrÉs incertains, Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes Il n'y a pas d'amour heureux. Mon bel amour mon cher amour ma dÉchirure Je te porte dans moi comme un oiseau blÉssÉ Et ceux-lÀ sans savoir nous regarde passer RÉpÉtant aprÈs moi les mots que j'ai tressÉs Et qui pour tes grands yeux tout aussitÔt moururent Il n'y a pas d'amour heureux. Le temps d'apprendre À vivre il est dÉjÀ trop tard Que pleurent dans la nuit nos coeurs À l'unisson Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare Il n'y a pas d'amour heureux. Louis ARAGON. La marine  On les r'trouve en racourci Dans nos p'tits amours d'un jour, Tout's les joies, tous les soucis, Des amours qui dur'nt toujours C'est lÀ l'sort de la marine Et de tout's nos petit's chÉries. On accoste, vite un bec, Pour nos baisers, l'corps avec! Et les joies et les bouderies, Les fÂcheries, les bons retours, On les r'trouve en racourci Dans nos p'tits amours d'un jour. On a ri, on s'est baisÉ, sur les neunœils, sur les nÉnÉs, Dans les ch'veux À pleins bÉcots Pondus comm' des œufs, tout chauds! Tout c'qu'on fait dans un seul jour Et comme on allonge le temps, Plus d'trois fois dans un seul jour, Content, pas content, content! Y a dans la chambre une odeur D'amour tendre et de goudron. Ca vous met la joies dans le cœur La peine aussi et c'est bon. On n'est pas la pour causer, Mais on pens' mÊm' dans l'amour On pens' que d'main y f'ra jour Et qu'c'est un' calamitÉ. C'est lÀ l'sort de la marine, Et de tout's nos petit's chÉries, On accost' mais on devine Qu'Ça s'ra pas le paradis! On aura beau s'dÉpÉcher Fair' bon dieu, la pige au temps, Et l'bourrer d'tous nos pÊchÉs Ca n's'ra pas Ça et pourtant... Tout's les joies, tous les soucis, Des amours qui dur'nt toujours, On les r'trouvent en raccourci Dans nos p'tits amours d'un jour. Paul FORT. Corne d'Aurochs  Il avait nom corne d'Aurochs, au guÉ, au guÉ Tout l' mond' peut pas s'app'ler Durand, au guÉ, au guÉ En le regardant avec un oeil de poÈte, On aurait pu croire À son frontal de prophÈte, Qu'il avait les grand's eaux de Versaill's dans la tÊte Corne d'Aurochs. Mais que le bon dieu lui pardonne, au guÉ, au guÉ C'Étaient celles du robinet; au guÉ, au guÉ On aurait pu croire en l' voyant penchÉ sur l'onde Qu'il se plongeait dans des mÉditations profondes, Sur l'aspect fugitif des choses de se monde Corne d'Aurochs. C'Étaient hÉlas pour s'assurer, au guÉ, au guÉ Qu' le vent n' l'avait pas dÉcoiffÉ, au guÉ, au guÉ Il proclamait À son de trompe À tous les carrefours "Il n'y a qu' les imbÉciles qui sachent bien faire l'amour, La virtuositÉ c'est une affaire de balourds!" Corne d'Aurochs. Il potassait À la chandelle, au guÉ, au guÉ Des traitÉs de maitien sexuel, au guÉ, au guÉ Et sur les femm's nues des musÉes, au guÉ, au guÉ Faisait l' brouillon de ses baisers, au guÉ, au guÉ Et bientÔt petit À petit, au guÉ, au guÉ On a tout su, tout su de lui, au guÉ, au guÉ On a su qu'il Était enfant de la Patrie Qu'il Était incapable de risquer sa vie Pour cueillir un myosotis À une fille Corne d'Aurochs. Qu'il avait un p'tit cousin, au guÉ, au guÉ Haut placÉ chez les argousins, au guÉ, au guÉ Et que les jours de pÉnurie, au guÉ, au guÉ Il prenait ses repas chez lui, au guÉ, au guÉ C'est mÊme en revenant d' chez cet antipathique Qu'il tomba victime d'une indigestion critique Et refusa l' secours de la thÉrapeutique Corne d'Aurochs. Parce que c'Était un All'mand, au guÉ, au guÉ Qu'on devait le mÉdicament, au guÉ, au guÉ Il rendit comm' il put son Âme machinale Et sa vie n'ayant pas ÉtÉ originale L'Etat lui fit des funÉrailles nationales Corne d'Aurochs. Alors sa veuve en gÉmissant, au guÉ, au guÉ Coucha avec son remplaÇant, au guÉ, au guÉ. HÉcatombe  Au marchÉ de Briv'-la-Gaillarde A propos de bottes d'oignons, Quelques douzaines de gaillardes Se crÊpaient un jour le chignon. A pied, a cheval, en voiture, Les gendarmes mal inspirÉs Vinrent pour tenter l'aventure D'interrompre l'ÉchauffourÉe. Or, sous tous les cieux sans vergogne, C'est un usag' bien Établi, D‚s qu'il s'agit d' rosser les cognes Tout le monde se rÉconcilie. Ces furies perdant tout' mesure Se ruÈrent sur les guignols, Et donnÈrent je vous l'assure Un spectacle assez croquignol. En voyant ces braves pendores Etre À deux doigts de succomber, Moi, j' bichais car je les adore Sous la forme de macchabÉes De la mansarde oÙ je rÉside J'exitais les farouches bras Des mÉgÈres gendarmicides En criant: "Hip, hip, hip, hourra!" FrÉnÉtiqu' l'un' d'elles attache Le vieux marÉchal des logis Et lui fait crier: "Mort aux vaches, Mort aux lois, vive l'anarchie!" Une autre fourre avec rudesse Le crÂne d'un de ses lourdauds Entre ses gigantesques fesses Quelles serre comme un Étau. La plus grasse de ses femelles Ouvrant son corsage dilatÉ Matraque À grand coup de mamelles Ceux qui passe À sa portÉe. Ils tombent, tombent, tombent, tombent, Et s'lon les avis compÉtents Il paraÎt que cette hÉcatombe Fut la plus bell' de tous les temps. Jugeant enfin que leurs victimes Avaient eu leur content de gnons, Ces furies comme outrage ultime En retournant À leurs oignons, Ces furies À peine si j'ose Le dire tellement c'est bas, Leur auraient mÊm' coupÉ les choses Par bonheur ils n'en avait pas. Leur auraient mÊm' coupÉ les choses Par bonheur ils n'en avait pas. P... de toi  En ce temps-lÀ, je vivais dans la lune Les bonheurs d'ici-bas m'Étaient tous dÉfendus Je semais des violettes et chantais pour des prunes Et tendais la patte aux chats perdus. Refrain Ah ah ah ah putain de toi Ah ah ah ah ah ah pauvre de moi... Un soir de pluie v'lÀ qu'on gratte À ma porte Je m'empresse d'ouvrir, sans doute un nouveau chat! Nom de dieu l' beau fÉlin que l'orage m'apporte C'Était toi, c'Était toi, c'Était toi. Les yeux fendus et couleur pistache T'as posÉ sur mon coeur ta patte de velours Fort heureus'ment pour moi t'avais pas de moustache Et ta vertu ne pesait pas trop lourd. Au quatre coins de ma vie de bohÈme T'as prom'nÉ, t'as prom'nÉ le feu de tes vingt ans. Et pour moi, pour mes chats, pour mes fleurs, mes poÈmes C'Était toi la pluie et le beau temps... Mais le temps passe et fauche À l'aveuglette. Notre amour mÛrissait À peine que dÉjÀ, Tu brÛlais mes chansons, crachais sur mes viollettes, Et faisais des misaires À mes chats. Le comble enfin, misÉrable salope. Comme il n' restait plus rien dans le garde-manger, T'as couru sans vergogne, et pour une escalope, Te jeter dans le lit du boucher. C'Était fini, t'avais passÉ les bornes. Et, r'nonÇant aux amours frivoles d'ici-bas, J' suis r'montÉ dans la lune en emportant mes cornes, Mes chansons, et mes fleurs, et mes chats. Supplique pour être enterré sur une plage de Sète La camarde qui ne m'a jamais pardonne d'avoir seme des fleurs dans les trous de son nez me poursuit d'un zele imbecile Alors cerne de pres par les enterrements j'ai cru bon de remettre a jour mon testament de me payer un codicile Trempe dans l'encre bleue du golfe du lion trempe trempe ta plume o mon vieux tabellion et de ta plus belle ecriture Note ce qu'il faudrait qu'il advint de mon corps lorsque mon ame et lui ne seront plus d'accord que sur un seul point la rupture Quand mon ame aura prit son vol a l'horizon vers celles de gavroche et de mimi pinson celles des titis, des grisettes Que vers le sol natal mon corps soit ramene dans un sleeping du paris-mediterannee Terminus en plage de Sete Mon caveau de famille, helas n'est pas tout neuf vulgairement parlant il est plein comme un oeuf Et d'ici que quelqu'un n'en sorte Il risque de se faire tard et je ne peux Dire a ces brave gens, poussez vous donc un peu Place aux jeunes en quelque sorte=20 Juste au bord de la mer, a deux pas des flots bleus creusez si c'est possible un petit trou moelleux une bonne petite niche Aupres de mes amis d'enfance les dauphins le long de cette greve ou le sable est si fin sur la plage de la corniche C'est une plage ou m=EAme, a ses moments furieux Neptune ne se prend jamais trop au serieux Ou quand un bateau fait naufrage Le capitaine crie : je suis le maitr a bord Sauve qui peut! le vin et le pastis d'abord Chacun sa bonbonne et courage ! Et c'est la que jadis, a quinze ans revolus a l'age ou s'amuser tout seul ne suffit plus Je connus la prime amourette Aupres d'une sirene, une femme-poisson Je recus de l'amour la premiere lecon Avalai la premiere arete Deference gardee envers paul Valery Moi l'humble troubadour sur lui je rencheris Le bon maitre me le pardonne Et qu'au moins si ses vers valent mieux que les miens mon cimetiere soit plus marin que le sien Et n'en deplaise au autochtones Cette tombe en sandwich, entre le ciel et l'eau ne donnera pas une ombre triste au tableau Mais un charme indefinissable Les baigneuses s'en serviront de paravent Pour changer de tenue, et les petits enfants diront : Chouette un chateau de sable! Est-ce trop demander, sur mon petit lopin plantez, je vous en prie, une espece de pin pin parasol de preference Qui saura premunir contre l'insolation les bons amis venus faire sur ma concession d'affectueuses reverences Tantot venant d'espagne, et tantot d'italie tous charges de parfums, de musiques jolies le mistral et la tramontne Sur mon dernier sommeil verseront les echos de villanelle un jour, un jour de fandango de tarantelle, de sardane... Et quand prenant ma buette en guise d'oreiller une ondine viendra gentiment sommeiller Avec moins que rien de costume J'en demande pardon par avance a Jesus si l'ombre de ma crois s'y couche un peu dessus pour un petit bonheur posthume=20 Pauvres rois, pharaons! pauvre napoleon! Pauvres grands disparus gisant au pantheon pauvres cendres de consequence! Vous envierez un peu l'etenrel estivant qui fait du pedalo sur la vague en revant qui passe sa mort en vacances Vous envierez un peu l'etenrel estivant qui fait du pedalo sur la vague en revant qui passe sa mort en vacances Le mauvais sujet repenti Elle avait la taill' faite au tour, Les hanches pleines, Et chassait l' mÂle aux alentours De la Mad'leine... A sa faÇon d' me dir' : "Mon rat, Est-c' que j' te tente ?" Je vis que j'avais affaire À Un' dÉbutante... L'avait l' don, c'est vrai, j'en conviens, L'avait l' gÉnie, Mais sans technique, un don n'est rien Qu'un' sal' manie... Certes, on ne se fait pas putain Comme on s' fait nonne. C'est du moins c' qu'on prÊche, en latin, A la Sorbonne... Me sentant rempli de pitiÉ Pour la donzelle, J' lui enseignai, de son mÉtier, Les p'tit's ficelles... J' lui enseignai l' moyen d' bientÔt Faire fortune, En bougeant l'endroit oÙ le dos R'ssemble À la lune... Car, dans l'art de fair' le trottoir, Je le confesse, Le difficile est d' bien savoir Jouer des fesses... On n' tortill' pas son popotin D' la mÊm' maniÈre, Pour un droguiste, un sacristain, Un fonctionnaire... Rapidement instruite par Mes bons offices, Elle m'investit d'une part D' ses bÉnÉfices... On s'aida mutuellement, Comm' dit l' poÈte. Ell' Était l' corps, naturell'ment, Puis moi la tÊte... Un soir, À la suite de Manoeuvres douteuses, Ell' tomba victim' d'une Maladie honteuses... Lors, en tout bien, toute amitiÉ, En fille probe, Elle me passa la moitiÉ De ses microbes... AprÈs des injections aiguËs D'antiseptique, J'abandonnai l' mÉtier d' cocu SystÉmatique... Elle eut beau pousser des sanglots, Braire À tu'-tÊte, Comme je n'Étais qu'un salaud, J' me fis honnÊte... SitÔt privÉ' de ma tutell', Ma pauvre amie Courrut essuyer du bordel Les infamies... ParaÎt qu'ell' s' vend mÊme À des flics, Quell' dÉcadence ! Y'a plus d' moralitÉ publiqu' Dans notre France... La marche nuptiale Mariage d'amour, mariage d'argent, J'ai vu se marier toutes sortes de gens : Des gens de basse source et des grands de la terre, Des prÉtendus coiffeurs, des soi-disant notaires... Quand mÊme je vivrai jusqu'À la fin des temps, Je garderais toujours le souvenir content Du jour de pauvre noce oÙ mon pÈre et ma mÈre S'allÈrent Épouser devant Monsieur le Maire. C'est dans un char À boeufs, s'il faut parler bien franc, TirÉ par les amis, poussÉ par les parents, Que les vieux amoureux firent leurs Épousailles AprÈs long temps d'amour, long temps de fianÇailles. CortÈge nuptial hors de l'ordre courant, La foule nous couvait d'un oeil protubÉrant : Nous Étions contemplÉs par le monde futile Qui n'avait jamais vu de noces de ce style. Voici le vent qui souffle emportant, crÈve-coeur ! Le chapeau de mon pÈre et les enfants de choeur... VoilÀ la plui' qui tombe en pesant bien ses gouttes, Comme pour empÊcher la noc', coÛte que coÛte. Je n'oublierai jamais la mariÉe en pleurs BerÇant comme un' poupÉ' son gros bouquet de fleurs... Moi, pour la consoler, moi, de toute ma morgue, Sur mon harmonica jouant les grandes orgues. Tous les garÇons d'honneur, montrant le poing aux nues, Criaient : "Par Jupiter, la noce continue !" Par les homm's dÉcriÉ', par les dieux contrariÉs, La noce continue et Viv' la mariÉe ! Saturne Il est morne, il est taciturne, Il prÉside aux choses du temps, Il porte un joli nom, "Saturne", Mais c'est un dieu fort inquiÉtant. En allant son chemin morose, Pour se dÉsennuyer un peu, Il joue À bousculer les roses, Le temps tu' le temps comme il peut. Cette saison, c'est toi, ma belle, Qui as fait les frais de son jeu, Toi qui a payÉ la gabelle, Un grain de sel dans tes cheveux. C'est pas vilain, les fleurs d'automne, Et tous les poÈtes l'ont dit. Je te regarde et je te donne Mon billet qu'ils n'ont pas menti. Viens encor', viens ma favorite, Descendons ensemble au jardin, Viens effeuiller la marguerite De l'ÉtÉ de la Saint-Martin. Je sais par coeur toutes tes grÂces Et, pour me les faire oublier, Il faudra que Saturne en fasse Des tours d'horlog' de sablier ! Et la petit' pisseus' d'en face Peut bien aller se rhabiller. Misogynie à part Misogynie À part, le sage avait raison : il y a les emmerdant's, on en trouve À foison, En foule elles se pressent. Il y a les emmerdeus's, un peu plus raffinÉ's, Et puis, trÈs nettement au-dessus du panier, Y'a les emmerderesses. La mienne, À elle seul', sur tout's surenchÉrit, Ell' relÈve À la fois des trois catÉgori's, VÉritable prodige, Emmerdante, emmerdeuse, emmerderesse itou, Elle passe, ell' dÉpasse, elle surpasse tout, Ell' m'emmerde, vous dis-je. Mon Dieu, pardonnez-moi ces propos bien amers, Ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, ell' m'emmer- de, elle abuse, elle attige. Ell' m'emmerde et j' regrett' mes bell's amours avec La p'tite enfant d' Mari que m'a soufflÉ' l'ÉvÊque, Ell' m'emmerde, vous dis-je. Ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, et m'oblige À me cu- rer les ongles avant de confirmer son cul, Or, c'est pas callipyge. Et la charitÉ seul' pouss' sa main rÉsignÉ' Vers ce cul rabat-joi', conique, renfrognÉ, Ell' m'emmerde, vous dis-je. Ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, je le rÉpÈte et quand Ell' me tape sur le ventre, elle garde ses gants, Et Ça me dÉsoblige. Outre que Ça dÉnote un grand manque de tact, Ca n' favorise pas tellement le contact, Ell' m'emmerde, vous dis-je. Ell' m'emmerde, ell' m'emmerd' , quand je tombe À genoux Pour cetain's dÉvotions qui sont bien de chez nous Et qui donn'nt le vertige, Croyant l'heure venu' de chanter le credo, Elle m'ouvre tout grand son missel sur le dos, Ell' m'emmerde, vous dis-je. Ell' m'emmerde, ell' m'emmerde, À la fornication Ell' s'emmerde, ell' s'emmerde avec ostentation, Ell' s'emmerde, vous dis-je. Au lieu de s'Écrier : "Encor ! Hardi ! Hardi !" Ell' dÉclam' du Claudel, du Claudel, j'ai bien dit, Alors Ça, Ça me fige. Ell' m'emmerde, ell' m'emmerd', j'admets que ce Claudel Soit un homm' de gÉnie, un poÈte immortel, J' reconnais son prestige, Mais qu'on aille chercher dedans son oeuvre pie, Un aphrodisiaque, non, Ça, c'est d' l'utopie ! Ell' m'emmerde, vous dis-je. La Messe au pendu disque 12 Anticlirical fanatique Gros mangeur d'icclisiastiques, Cet aveu me co[te beaucoup, Mais ces hommes d'Eglise, hilas ! Ne sont pas tous des digueulasses, Timoin le curi de chez nous. Quand la foule qui se dichanne Pendit un homme au bout d'un chjne Sans forme aucune de remords, Ce ratichon fit scandale Et rugit ` travers les stalles, "Mort ` toute peine de mort!" Puis, on le vit, itrange rite, Qui baptisait les marguerites Avec l'eau de son binitier Et qui prodiguait les hosties, Le pain binit, l'Eucharistie, Aux petits oiseaux du moutier. Ensuite, il retroussa ses manches, Prit son goupillon des dimanches Et, plein d'une sainte colhre, Il partit comme ` l'offensive Dire une grand' messe exclusive A celui qui dansait en l'air. C'est ` du gibier de potence Qu'en cette triste circonstance L'Hommage sacri fut rendu. Ce jour l`, le rtle du Christ(e), Bonne aubaine pour le touriste, Eti joui par un pendu. Et maintenant quand on croasse, Nous, les paoens de sa paroisse, C'est pas lui qu'on veut dipriser. Quand on crie "A bas la calotte" A s'en faire piter la glotte, La sienne n'est jamais visie. Anticliricaux fanatiques Gros mangeur d'icclisiastiques, Quand vous vous goinfrerez un plat De cureton, je vous exhorte, Camarades, ` faire en sorte Que ce ne soit pas celui-l`. Comme hier disque 1 Poème de Paul FORT Hi! donne moi ta bouche, hi! ma jolie fraise! L'aube ` mis des frais's plein notr' horizon Garde tes dindons, moi mes porc, Thirhse Ne r'pouss' pas du pied mes petits cochons. Va, comme hier! comme hier! comme hier! Si tu n' m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons L'un tient le couteau, l'autre la cuiller: La vie c'est toujours les mjmes chansons. Pour sauter le gros sourceau d'pierre en pierre, Comme tous les jours mes bras t'enlhv'ront Nos dindes, nos truies nous suivront lighres Ne r'pousse pas du pied mes petits cochons. Va, comme hier! comme hier! comme hier! Si tu n' m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons La vie c'est toujours amour et mishre La vie c'est toujours les mjmes chansons. J'ai tant de respect pour ton cœur Thirhse, Et pour tes dindons. Quand nous nous aimons Quand nous nous fbchons, hi! ma jolie fraise Ne r'pousse pas du pied mes petits cochons. Va, comme hier! comme hier! comme hier! Si tu n' m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons L'un tient le couteau, l'autre la cuiller: La vie c'est toujours les mjmes chansons. Pensée des morts disque 10 Poème d'Alphonse DE LAMARTINE Voila les feuilles sans seve qui tombent sur le gazon voila le vent qui s'eleve et gemit dans le vallon voila l'errante hirondelle qui rase du bout de l'aile l'eau dormante des marais voila l'enfant des chaumieres qui glane sur les bruyeres le bois tombe des forets C'est la saison ou tout tombe aux coups redoubles des vents un vent qui vient de la tombe moissonne aussi les vivants ils tombent alors par mille comme la plume inutile que l'aigle abandonne aux airs lorsque des plumes nouvelles viennent rechauffer ses ailes a l'approche des hivers C'est alors que ma paupiere vous vit palir et mourir tendres fruits qu'a la lumiere dieu n'a pas laisse murir quoique jeune sur la terre je suis deja solitaire parmi ceux de ma saison et quand je dis en moi-meme "ou sont ceux que ton couer aime?" je regarde le gazon C'est un ami de l'enfance qu'aux jours sombres du malheur nous preta la providence pour appuyer notre coeur il n'est plus : notre ame est veuve il nous suit dans notre epreuve et nous dit avec pitie "ame si ton ame et pleine de ta joie ou de ta peine qui portera la moitie?" C'est une jeune fiancee qui, le front ceint du bandeau n'emporta qu'une pensee de sa jeunesse au tombeau Triste, helas ! dans le ciel meme pour revoir celui qu'elle aime elle revient sur ses pas et lui dit : "ma tombe est verte! sur cette terre deserte qu'attends-tu? je n'y suis pas!" C'est l'ombre pale d'un pere qui mourut en nous nommant c'est une soeur, c'est un frere qui nous devance un moment tous ceux enfin dont la vie un jour ou l'autre ravie, enporte une part de nous murmurent sous la pierre "vous qui voyez la lumiere de nous vous souvenez vous?" Voila les feuilles sans seve qui tombent sur le gazon voila le vent qui s'eleve et gemit dans le vallon voila l'errante hirondelle qui rase du bout de l'aile l'eau dormante des marais voila l'enfant des chaumieres qui glane sur les bruyeres le bois tombe des forets La femme d'Hector disque 5 Intro : D - A7 - D - A7 D A7 1. En notre tour de babel D A7 laquelle est la plus belle D A7 la plus aimable parmi D F#7 les femmes de nos amis? F#7 Bm Laquelle est notre vrai nounou F#7 G La p'tite soeur des pauvres de nous G =20 Dans le guignon toujours presente F#7 (Break) F#7 Quelle est cette fee bienfaisante CHORUS Em F#7 Bm C'est pas la femme de bertrand F#7 =20 Pas la femme de gontrand Bm Pas la femme de pamphile Em A7 D C'est pas la femme de firmin Em Pas la femme de germain Em A7 D Ni celle de benjamin G A7 D C'est pas la femme d'honore B7 Em Ni celle de desire F#7 Bm Ni celle de teophile Em F#7 Bm Encore moins la femme de nestor F#7 Bm A7 (Bm on last chorus) Non, c'est la femme d'hector. Comme nous dansons devant Le buffet bien souvent On a toujours peu ou prou Les bras cribles de trous... Qui raccomode ces malheurs De fils de toutes les couleurs Qui brode, divine cousette, des arcs-en-ciel a nos chaussettes? Refrain Quand on nous prend la main Sacre bon dieu dans un sac Et qu'on nous envoie planter Des choux a la sante Quelle est celle qui, prenant modele Sur les vertus des chiens fideles Reste a l'arret devant la porte En attendant que l'on ressorte Refrain Et quand l'un d'entre nous meurt Qu'on nous met en demeure De debarasser l'hotel De ses restes mortels Quelle est celle qui r'mu tout paris Pour qu'on lui fasse, au plus bas prix Des funerailles gigantesques Pas nationales, non, mais presque? Refrain Et quand vient le mois de mai Le joli temps d'aimer Que sans echo, dans les cours, Nous hurlons a l'amour Quelle est celle qui nous plaint beaucoup Quelle est celle qui nous saute au cou Qui nous dispense sa tendresse Toutes ses economies d'caresses ? Refrain Ne jetons pas les morceaux De nos coeurs aux pourceaux Perdons pas notre latin Au profit des pantins Chantons pas la langue des dieux Pour les balourds, les fess'mathieux Les paltoquets, ni les bobeches Les foutriquets, ni les pimbeches, dernier Refrain Ni pour la femme de bertrand Pour la femme de gontrand Pour la femme de pamphile Ni pour la femme de firmin Pour la femme de germain Pour celle de benjamin Ni pour la femme d'honore La femme de desire La femme de teophile Encore moins pour la femme de nestor Mais pour la femme d'hector. Les Philistins disque 3 Poème de Jean Richepin Philistins, épiciers Tandis que vous caressiez, Vos femmes En songeant, aux petits Que vos grossiers appétits Engendrent Vous pensiez, Ils seront Menton rasé, ventre rond Notaires Mais pour bien vous punir Un jour vous voyez venir Sur terre Des enfants non voulus Qui deviennent chevelus Poètes Trompe la mort disque 12 Avec cette neige foison Qui coiffe, coiffe ma toison, On peut me croire vue de nez Blanchi sous le harnais. Eh bien, Mesdames et Messieurs, C'est rien que de la poudre aux yeux, C'est rien que de la comdie, Que de la parodie. C'est pour tenter de couper court A l'avance du temps qui court, De persuader ce vieux goujat Que tout le mal est fait deja. Mais dessous la perruque j'ai Mes vrais cheveux couleur de jais. C'est pas demain la veille, bon Dieu ! De mes adieux. Et si j'ai l'air moins guilleret, Moins solide sur mes jarrets, Si je chemine avec lenteur D'un train de snateur, N'allez pas dire "Il est perclus" N'allez pas dire "Il n'en peut plus ". C'est rien que de la comdie, Que de la parodie. Histoire d'endormir le temps, Calculateur impnitent, De tout brouiller, tout embrouiller Dans le fatidique sablier. En fait,l'envers du decor, Comme vingt ans, je trotte encore. C'est pas demain la veille, bon Dieu ! De mes adieux. Et si mon coeur bat moins souvent Et moins vite qu'auparavant, Si je chasse avec moins de zele Les gentes demoiselles, Pensez pas que je sois blase De leurs caresses, leurs baisers, C'est rien que de la comdie, Que de la parodie. Pour convaincre le temps berne Qu'mes ftes galantes sont terminees, Que je me retire en coulisse, Que je n'entrerai plus en lice. Mais je reste un sacr gaillard Toujours actif, toujours paillard. C'est pas demain la veille, bon Dieu! De mes adieux. Et si jamais au cimetire, Un de ces quatre, on porte en terre, Me ressemblant s'y tromper, Un genre de macchabe, N'allez pas noyer le souffleur En lchant la bonde vos pleurs, Ce sera rien que comdie Rien que fausse sortie. Et puis, coup de theatre, quand Le temps aura leve le camp, Estimant que la farce est jouee Moi tout heureux, tout enjoue, J' m'exhumerai du caveau Pour saluer sous les bravos. C'est pas demain la veille, bon Dieu ! De mes adieux. Les ricochets  disque 12 J'avais dix-huit ans Tout juste et quittant Ma ville natale Un beau jour, o gue Je vins debarquer dans la capitale J'entrai pas aux cris D'"A nous deux Paris" En Ile-de-France Que ton Rastignac N'ait cure, Balzac ! De ma concurrence (biS) Gens en place, dormez Sans vous alarmer, Rien ne vous menace Ce n'est qu'un jeune sot qui monte a l'assaut du p'tit montparnasse On n's'etonnera pas Si mes premiers pas tout droit me menerent Au pont Mirabeau pour un coup de chapeau A l'Apolinaire (bis) Bec enfarine Pouvaisje deviner Le remue-mnage Que dans mon destin Causerait soudain Ce plerinage ? Que circonvenu Mon caeur ingenu Allait faire des siennes Tomber amoureux De sa toute pre- miere Parisienne.(bis) N'anticipons pas, Sur la berge en bas Tout contre une pile, La belle tchait D' fair' des ricochets D'un' main malhabile Moi, dans ce temps-la Je n' dis pas cela En bombant le torse, L'air avantageux J'tais a ce jeu De premire force. (bis) Tu m' donn's un baiser, Ai=je propose A la demoiselle; Et moi, sans retard J' t'apprends de cet art Toutes les ficelles. Affaire conclue, En une heure elle eut, L'adresse requise. En change, moi J' cueillis plein d'moi Ses lvres exquises. (bis) Et durant un temps Les journaux d'antan D'ailleurs le relatent Fallait se lever Matin pour trouver Une pierre plate. On redessina Du pont d'Iena Au pont Alexandre Jusqu' Saint-Michel, Mais notre echelle, La carte du tendre. (bis) Mais c'tait trop beau: Au pont Mirabeau La belle volage Un jour se perchait Sur un ricochet Et gagnait le large. Ell' me fit faux-bond Pour un vieux barbon, La petite ingrate, Un Crsus vivant Detail aggravant Sur la rive droite. (bis) J'en pleurai pas mal, Le flux lacrymal Me fit la quinzaine. Au viaduc d'Auteuil Parait qu'a vue d'oeil Grossissait la Seine. Et si, pont d' l'Alma, J'ai pas noy ma Detresse ineffable, C'est qu' l'eau coulant sous Les pieds du zouzou etait imbuvable. (bis) Et qu' j'avais acquis Cett' conviction qui Du reste me navre Que mort ou vivant Ce n'est pas souvent Qu'on arrive au havre. Nous attristons pas, Allons de ce pas Donner, debonnaires, Au pont Mirabeau Un coup de chapeau A l'Apollinaire. (bis) DON JUAN disque 12 Gloire a qui freine a mort, de peur d'ecrabouiller Le herisson perdu, le crapaud fourvoye ! Et gloire a don Juan, d'avoir un jour souri A celle a qui les autres n'attachaient aucun prix ! Cette fille est trop vilaine, il me la faut. Gloire au flic qui barrait le passage aux autos Pour laisser traverser les chats de Lautaud ! Et gloire a don Juan d'avoir pris rendez-vous, Avec la dalaisse, que l'amour dasavoue ! Cette fille est trop vilaine, il me la faut. Gloire au premier venu qui passe et qui se tait Quand la canaille crie " haro sur le baudet " ! Et gloire a don Juan pour ses galants discours A celle a qui les autres faisaient jamais la cour ! Cette fille est trop vilaine, il me la faut. Et gloire a ce cure sauvant son ennemi Lors du massacre de la Saint-Barthlemy ! Et gloire a don Juan qui couvrit de baisers La fille que les autres refusaient d'embrasser ! Cette fille est trop vilaine, il me la faut. Et gloire a ce soldat qui jeta son fusil Plutot que d'achever l'otage a sa merci ! Et gloire a don Juan d'avoir ose trousser Celle dont le jupon restait toujours baisse ! Cette fille est trop vilaine, il me la faut Gloire a la bonne soeur qui, par temps pas tres chaud Degela dans sa main le penis du manchot Et gloire a don Juan qui fit reluire un soir Ce cul desherite ne sachant que s'asseoir Cette fille est trop vilaine, il me la faut Gloire a qui n'ayant pas d'ideal sacro-saint Se borne a ne pas trop emmerder ses voisins! Et gloire a don Juan qui rendit femme celle Qui, sans lui, quelle horreur! serait morte pucelle! Cette fille est trop vilaine, il me la faut Je suis un voyou disque 2 Ci-gît au fond de mon coeur une histoire ancienne, Un fantôme, un souvenir d'une que j'aimais... Le temps, à grands coups de faux, peut faire des siennes, Mon bel amour dure encore, et c'est à jamais... J'ai perdu la tramontane En trouvant Margot, Princesse vêtu' de laine, Déesse en sabots... Si les fleurs, le long des routes, S'mettaient à marcher, C'est à la Margot, sans doute, Qu'ell's feraient songer... J'lui ai dit: « De la Madone, Tu es le portrait ! » Le Bon Dieu me le pardonne, C'était un peu vrai... Qu'il me pardonne ou non, D'ailleurs, je m'en fous, J'ai déjà mon âme en peine: Je suis un voyou. La mignonne allait aux vêpres Se mettre à genoux, Alors j'ai mordu ses lèvres Pour savoir leur goût... Ell' m'a dit, d'un ton sévère: « Qu'est-ce que tu fais là ? » Mais elle m'a laissé faire, Les fill's, c'est comm' ça... J'lui ai dit: « Par la Madone, Reste auprès de moi ! » Le Bon Dieu me le pardonne, Mais chacun pour soi... Qu'il me pardonne ou non, D'ailleurs, je m'en fous, J'ai déjà mon âme en peine: Je suis un voyou. C'était une fille sage, A « bouch', que veux-tu ? » J'ai croqué dans son corsage Les fruits défendus... Ell' m'a dit d'un ton sévère: « Qu'est-ce que tu fais là ? » Mais elle m'a laissé faire, Les fill's, c'est comm' ça... Puis, j'ai déchiré sa robe, Sans l'avoir voulu... Le Bon Dieu me le pardonne, Je n'y tenais plus ! Qu'il me pardonne ou non, D'ailleurs, je m'en fous, J'ai déjà mon âme en peine: Je suis un voyou. J'ai perdu la tramontane En perdant Margot, Qui épousa, contre son âme, Un triste bigot... Elle doit avoir à l'heure, A l'heure qu'il est, Deux ou trois marmots qui pleurent Pour avoir leur lait... Et, moi, j'ai tété leur mère Longtemps avant eux... Le Bon Dieu me le pardonne, J'étais amoureux ! Qu'il me pardonne ou non, D'ailleurs, je m'en fous, J'ai déjà mon âme en peine: Je suis un voyou. La chasse aux papillons disque 1 Un bon petit diable à la fleur de l'age, La jambe légère et l'oeil polisson, Et la bouche plein' de joyeux ramages, Allait à la chasse aux papillons. Comme il atteignait l'oré du village, Filant sa quenouille, il vit Cendrillon, Il lui dit: « Bonjour, que Dieu te ménage, J' t'emmène à la chasse aux papillons. » Cendrillon, ravi' de quitter sa cage, Met sa robe neuve et ses botillons; Et bras d'ssus bras d'ssous vers les frais bocages Ils vont à la chasse aux papillons. Ils ne savaient pas que, sous les ombrages, Se cachait l'amour et son aiguillon, Et qu'il transperçait les coeurs de leur âge, Les coeurs des chasseurs de papillons. Quand il se fit tendre, ell' lui dit: « J' présage Qu' c'est pas dans les plis de mon cotillon, Ni dans l'échancrure de mon corsage, Qu'on va-t-à la chasse aux papillons. » Sur sa bouche en feu qui criait: « Sois sage ! » Il posa sa bouche en guis' de bâillon, Et c' fut l' plus charmant des remu'-ménage Qu'on ait vu d' mémoire de papillon. Un volcan dans l'âme, i' r'vinr'nt au village, En se promettant d'aller des millions, Des milliards de fois, et mêm' d'avantage, Ensemble à la chasse aux papillons. Mais tant qu'ils s'aim'ront, tant que les nuages Porteurs de chagrins, les épargneront, I' f'ra bon voler dans les frais bocages, I f'ront pas la chasse aux papillons. Comme hier disque 1 Hé! donn' moi ta bouche, hé ! ma jolie fraise ! L'aube a mis des frais's plein notr' horizon. Garde tes dindons, moi mes porcs, Thérèse. Ne r'pouss' pas du pied mes p'tits cochons. Va, comme hier ! comme hier ! comme hier ! Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons. L'un tient le couteau, l'autre la cuiller: La vie, c'est toujours les mêmes chansons. Pour sauter l' gros sourceau de pierre en pierre, Comme tous les jours mes bras t'enlèv'ront. Nos dindes, nos truies nous suivront légères. Ne r'pouss' pas du pied mes p'tits cochons. Va, comme hier ! comme hier ! comme hier ! Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aimerons. La vie, c'est toujours amour et misère. La vie, c'est toujours les mêmes chansons. J'ai tant de respect pour ton coeur, Thérèse. Et pour tes dindons, quand nous nous aimons. Quand nous nous fâchons, hé ! ma jolie fraise, Ne r'pouss' pas du pied mes p'tits cochons. Va, comme hier ! comme hier ! comme hier ! Si tu ne m'aimes point, c'est moi qui t'aim'rons. L'un tient le couteau, l'autre la cuiller: La vie, c'est toujours la même chanson. La mauvaise herbe disque 2 Quand l' jour de gloire est arrivé, Comm' tous les autr's étaient crevés, Moi seul connus le déshonneur De n' pas êtr' mort au champ d'honneur. Je suis d'la mauvaise herbe, Braves gens, braves gens, C'est pas moi qu'on rumine Et c'est pas moi qu'on met en gerbe... La mort faucha les autres Braves gens, braves gens, Et me fit grâce à moi, C'est immoral et c'est comm' ça ! La la la la la la la la La la la la la la la la Et je m' demand' Pourquoi, Bon Dieu, Ca vous dérange Que j' vive un peu... Et je m' demand' Pourquoi, Bon Dieu, Ca vous dérange Que j' vive un peu... La fille à tout l' monde a bon coeur, Ell' me donne, au petit bonheur, Les p'tits bouts d' sa peau, bien cachés, Que les autres n'ont pas touchés. Je suis d' la mauvaise herbe, Braves gens, braves gens, C'est pas moi qu'on rumine Et c'est pas moi qu'on met en gerbe... Elle se vend aux autres, Braves gens, braves gens, Elle se donne à moi, C'est immoral et c'est comme ça ! La la la la la la la la La la la la la la la la Et je m' demand' Pourquoi, Bon Dieu, Ca vous dérange Qu'on m'aime un peu... Et je m' demand' Pourquoi, Bon Dieu, Ca vous dérange Qu'on m'aime un peu... Les hommes sont faits, nous dit-on, Pour vivre en band', comm' les moutons. Moi, j' vis seul, et c'est pas demain Que je suivrai leur droit chemin. Je suis d' la mauvaise herbe, Braves gens, braves gens, C'est pas moi qu'on rumine Et c'est pas moi qu'on met en gerbe... Je suis d' la mauvaise herbe, Braves gens, braves gens, Je pousse en liberté Dans les jardins mal fréquentés ! La la la la la la la la La la la la la la la la Et je m' demand' Pourquoi, Bon Dieu, Ca vous dérange Que j' vive un peu... Et je m' demand' Pourquoi, Bon Dieu, Ca vous dérange Que j' vive un peu... La légende de la nonne disque 3 Venez, vous dont l'oeil étincelle, Pour entendre une histoire encor, Approchez: je vous dirai celle De doña Padilla del Flor. Elle était d'Alanje, où s'entassent Les collines et les halliers. -- Enfants, voici des boeufs qui passent, Cachez vos rouges tabliers. Il est des filles à Grenade, Il en est à Séville aussi, Qui, pour la moindre sérénade, A l'amour demandent merci; Il en est que parfois embrassent, Le soir, de hardis cavaliers. -- Enfants, voici des boeufs qui passent, Cachez vos rouges tabliers. Ce n'est pas sur ce ton frivole Qu'il faut parler de Padilla, Car jamais prunelle espagnole D'un feu plus chaste ne brilla; Elle fuyait ceux qui pourchassent Les filles sous les peupliers. -- Enfants, voici des boeufs qui passent, Cachez vos rouges tabliers. Elle prit le voile à Tolède, Au grand soupir des gens du lieu, Comme si, quand on n'est pas laide, On avait droit d'épouser Dieu. Peu s'en fallut que ne pleurassent Les soudards et les écoliers. -- Enfants, voici des boeufs qui passent, Cachez vos rouges tabliers. Or, la belle à peine cloitrée, Amour en son coeur s'installa. Un fier brigand de la contrée Vint alors et dit: Me voilà ! Quelquefois les brigands surpassent En audace les chevaliers. -- Enfants, voici des boeufs qui passent, Cachez vos rouges tabliers. Il était laid: les traits austères, La main plus rude que le gant; Mais l'amour a bien des mystères, Et la nonne aima le brigand. On voit des biches qui remplacent Leurs beaux cerfs par des sangliers. -- Enfants, voici des boeufs qui passent, Cachez vos rouges tabliers. La nonne osa, dit la chronique, Au brigand par l'enfer conduit, Aux pieds de Sainte Véronique Donner un rendez-vous la nuit, A l'heure où les corbeaux croassent, Volant dans l'ombre par milliers. -- Enfants, voici des boeufs qui passent, Cachez vos rouges tabliers. Or quand, dans la nef descendue, La nonne appela le bandit, Au lieu de la voix attendue, C'est la foudre qui répondit. Dieu voulu que ses coups frappassent Les amants par Satan liés. -- Enfants, voici des boeufs qui passent, Cachez vos rouges tabliers. Cette histoire de la novice, Saint Ildefonse, abbé, voulut Qu'afin de préservé du vice Les vierges qui font leur salut, Les prieurs la racontassent Dans tous les couvents réguliers. -- Enfants, voici des boeufs qui passent, Cachez vos rouges tabliers. Gastibelza (L'homme `la carabine) disque 3 Gastibelza, l'homme à la carabine, Chantait ainsi: « Quelqu'un a-t-il connu doña Sabine ? Quelqu'un d'ici ? Chantez, dansez, villageois ! la nuit gagne Le mont Falu... -- Le vent qui vient à travers la montagne Me rendra fou. « Quelqu'un de vous a-t-il connu Sabine, Ma señora ? Sa mère était la vieille maugrabine D'Antequera, Qui chaque nuit criait dans la tour Magne Comme un hibou... -- Le vent qui vient à travers la montagne Me rendra fou. « Vraiment, la reine eût près d'elle été laide Quand, vers le soir, Elle passait sur le pont de Tolède En corset noir. Un chapelet du temps de Charlemagne Ornait son cou... -- Le vent qui vient à travers la montagne Me rendra fou. Le roi disait, en la voyant si belle, A son neveu: « Pour un baiser, pour un sourire d'elle, Pour un cheveu, Infant don Ruy, je donnerai l'Espagne Et le Pérou ! Le vent qui vient à travers la montagne Me rendra fou. « Je ne sais pas si j'aimais cette dame, Mais je sais bien Que, pour avoir un regard de son âme, Moi, pauvre chien, J'aurai gaîment passé dix ans au bagne Sous les verrous... -- Le vent qui vient à travers la montagne